Nous sommes tous condamnés !
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26-04-2013
Nous sommes face à une gigantesque bulle du prix des actifs et une nouvelle crise semble inévitable. Quelle position les investisseurs devraient-ils adopter ? Comment faire pour repérer le moment où cette bulle sera sur le point d’éclater ? Interview de Marc Faber, un investisseur suisse à contre-courant.
D’après vous, les prix actuels des actifs sont-ils le fidèle reflet des risques courus ?
Non, certainement pas. Je crois que les prix des actifs d’aujourd’hui ont été déformés par des taux d’intérêt artificiellement bas. Quand les taux d’intérêt sont à zéro, il est difficile d’évaluer quoi que ce soit. Rien n’a de valeur réelle.
Diriez-vous que l’assouplissement monétaire aux États-Unis a été au cœur des problèmes financiers auxquels nous sommes confrontés en ce moment ?
Oui, l’assouplissement monétaire et les politiques monétaires expansionnistes de ces 30 dernières années, qui ont conduit à une croissance excessive du crédit, ont été un facteur majeur de l’apparition de la crise financière de 2007/2008 et du malaise qui continue à se faire sentir aujourd’hui. Mais je dirais aussi que les autres interventions des gouvernements et leurs mesures fiscales ont aussi eu un effet très perturbateur sur l’économie.
Vous avez déjà eu l’occasion de dire que ces politiques expansionnistes reviennent à prendre une hypothèque sur les générations futures. Celles-ci vont-elles être capables de rembourser les dettes qui se sont accumulées ?
Les générations futures ne vont jamais être en mesure de payer leurs dettes et les indemnités pour les retraités. Mais il existe aussi un autre concept : tout dépend de la manière dont vous utilisez la dette. C’est une chose que d’emprunter de l’argent pour construire une usine dont la production se traduit en flux de trésorerie et en bénéfices qui permettent de rembourser les intérêts de l’emprunt contracté, et de générer des liquidités excédentaires pour procéder à d’autres investissements. Mais c’en est une autre que d’emprunter de l’argent pour partir en vacances.
Quelle est la solution ?
La solution est de faire quelque chose de différent de ce que nous avons fait dans le passé. Sous l’influence des banquiers centraux d’aujourd’hui et des politiciens néo-keynésiens, nous nous trouvons dans un contexte de stimulation accrue, d’intervention gouvernementale accrue et de recours accru à la planche à billets. Autant de facteurs qui ont précisément conduit à la crise. Or il ne s’agit pas là du remède qu’il nous faut pour résorber la crise. La meilleure chose serait d’obtenir la démission des conseils d’administration de toutes les banques centrales. Il nous faut à la tête des banques centrales des gens qui assument la responsabilité monétaire.
Que conseillez-vous aux investisseurs de faire ?
Il faut bien vivre avec le fait qu’on est en train d’imprimer de l’argent. Cet argent va se frayer un chemin vers différents secteurs et différents marchés du monde entier. Il ne va pas se traduire par une volatilité plus faible, mais au contraire par une volatilité accrue. C’est comme cela que des bulles vont se créer au niveau du NASDAQ, de l’immobilier, des matières premières, des marchés émergents et des obligations d’États. Et maintenant, nous sommes confrontés à la bulle gigantesque de la dette souveraine. Les investisseurs doivent se diversifier et éviter d’acheter sur des marchés d’actifs qui sont devenus excessivement populaires.
Nous en sommes encore à la phase d’assouplissement monétaire. Que va-t-il se passer ?
Nous allons avoir une énorme crise systémique. La dernière fois que le secteur financier a fait faillite, celui-ci a été renfloué par les gouvernements. La prochaine étape consiste à ce que les gouvernements eux-mêmes fassent faillite. Avant d’en arriver là, ils se mettent à faire tourner la planche à billets à qui mieux mieux. Nous ne savons pas à quel moment la crise va éclater. Elle pourrait arriver demain, mais elle pourrait également se produire d’ici à trois, cinq ou dix ans. A la manière d’un ordinateur tombé en panne, il faudra procéder au redémarrage de l’économie mondiale. Mais avant cela, il est très probable que nous ayons des taux d’inflation élevés, peut-être un effondrement déflationniste et des guerres vont éclater. Nous sommes tous condamnés.
Existe-t-il des indicateurs qui permettent de prédire à quel moment la bulle va éclater ?
À mon avis, un indicateur a déjà déclenché un signal d’alarme très fort. Les prix des actifs sont à la hausse, mais le niveau de vie des ménages en Europe et aux États-Unis (et je ne parle pas des gens qui travaillent pour Goldman Sachs) est à la baisse. L’économie industrielle se porte mal. Le lien entre l’impression de monnaie et l’économie industrielle a déjà été rompu. Les riches achètent des résidences secondaires dans la région des Hamptons, des appartements de luxe à New York et Mayfair, des tableaux, de l’or… autant d’actifs absolument improductifs. Ils ne sont pas en train de faire construire une nouvelle usine. Ils ne sont pas en train de démarrer une nouvelle entreprise. Il ne se produit aucune création sur le plan économique.
Pourquoi ne sont-ils pas en train d’investir ?
Ils n’investissent pas à cause de l’excès de réglementation. Prenez par exemple « ObamaCare ». C’est un véritable cauchemar administratif. Les gens sont en train de réduire leur activité professionnelle. Les entreprises n’investissent pas aux États-Unis, mais elles rachètent d’autres entreprises et réduisent leurs effectifs. Elles procèdent à des licenciements.
Prédisez-vous une révolution si les inégalités entre les revenus continuent de se creuser ?
Quand les masses les plus pauvres deviennent plus puissantes que les quelques nantis, on fait payer les riches. Généralement, l’histoire a résolu ce problème soit par la redistribution, en ayant recours à l’impôt, soit par la révolution. Le plan de sauvetage de Chypre n’est que le début : il faut que les riches payent plus que les pauvres. À Chypre, il existe un élément social où ce sont les riches qui sont blâmés. Même en Amérique, il existe des signes clairs, comme les comptes de retraite individuels qui sont limités à 3 millions de dollars. Tout n’est plus question que de temps.
Marc Faber est le célèbre investisseur à contre-courant à qui l’on doit le bulletin mensuel d’investissement The Gloom Boom & Doom Report et auteur du best-seller Tomorrow’s Gold: Asia’s Age of Discovery.
http://www.robeco.fr/actualites/2013/nous-sommes-condamnes.jsp
Plaidoyer pour les actifs tangibles/ L’équipondération du portefeuille
L’auteur du «Boom, gloom and doom report» et du site internet éponyme,, Marc Faber se distingue non seulement par son style mais aussi et surtout par son analyse et sa stratégie d’investissement. Le financier zurichois, conscient des limites des analyses économiques purement quantitatives, s’est attaché à démontrer l’importance de facteurs qualitatifs comme la finalité de la dette: est-elle destinée à la consommation ou à l’investissement?
«Aucun pays n’est devenu riche avec la consommation, seul l’investissement créé de la valeur et il s’est effondré aux USA depuis 2000».
Même conclusion du côté des chiffres de l’emploi:
«Depuis la crise, les USA n’ont récupéré qu’environ 60% des emplois détruits, et la grande majorité de ces emplois sont des emplois mal payés ou dans des emplois peu qualifiés et donc créent peu de valeur».
La Fed devrait relever ses taux
L’auteur du «Gloom, Boom & Doom Report», estime que le loyer de l’argent est trop bas, alors que la croissance est soutenue
Quatre ans de croissance économique et des taux d’intérêt qui restent à zéro. C’est la contradiction qu’a voulu souligner Marc Faber, d’autant que les marchés financiers ont, eux aussi, rebondi depuis lors. L’indice des actions américaines, le S&P 500, a grimpé de 84% sur les quatre dernières années.
Planche à billets inefficace
S’il devait prendre la tête de la Réserve fédérale américaine (Fed), il «normaliserait les taux d’intérêt à un niveau bien plus élevé qu’aujourd’hui. En ce moment, la banque centrale ne s’occupe pas seulement de politique monétaire, mais aussi de politique budgétaire», a-t-il souligné. Il préférerait, quant à lui, encourager le gouvernement à réduire la dette et augmenter la participation du secteur privé, quitte à «menacer le gouvernement d’augmenter les taux d’intérêt encore davantage», a assuré ce Suisse installé en Asie depuis 1973.
Il a critiqué la banque centrale américaine, dont l’utilisation de la planche à billets n’est pas efficace. «Les fonds ne sont pas répartis de manière égale. Pire, ils alimentent des bulles», a-t-il prévenu. Ainsi, «au lieu de calmer la situation, cette politique accroît la volatilité» et risque de mener à «une crise majeure», selon le «Dr Doom». En outre, il a voulu pointer certaines incohérences: «Les bénéfices des entreprises sont au plus haut parce que les taux d’intérêt bas favorisent l’utilisation du capital plutôt que du travail.»
Dans son scénario, «Dr. Doom» anticipe une crise massive découlant en partie du surendettement américain et de leurs politiques monétaire et fiscale expansionnistes «qui ne seront pas éternelles», mais également de certains pays comme la Chine, dont l’endettement le préoccupe également.
Deux pays dont par ailleurs il se méfie des statistiques officielles et encourage à ne pas les prendre au pied de la lettre.
«Je ne saurais pas vous dire si cela se produira dans 5, 10 ou 15 ans, mais nous allons assister à une crise majeure à laquelle personne ne pourra échapper. Mais en attendant, il y a toujours des opportunités d’investissement».
PLUS DE DR DOOM EN SUIVANT:
Marc Faber a jugé que Ken Rogoff et Carmen Reinhard (les deux économistes, dont l’étude de référence sur la dette des Etats a défrayé récemment la chronique, car elle comportait des erreurs de calcul sans pour autant remettre en cause la véracité du fond), avaient raison de dire qu’à partir d’un certain niveau, l’endettement devient un frein à la croissance du pays. Problème: «On ne sait pas exactement de quel niveau il s’agit», a-t-il précisé. Ajoutant que le type d’endettement est aussi important: «S’il s’agit de fonder une entreprise, vendre un produit, créer des emplois et être ensuite capable de rembourser la dette ou de grandir, ce n’est pas la même chose que d’emprunter pour consommer et partir en vacances.» Il a donné l’exemple de la Corée du Sud, qui a longtemps eu une dette importante, lui permettant toutefois de mettre en place l’infrastructure et développer l’industrie, ce qui lui a valu une croissance importante.
Dans ce contexte, que peuvent faire les investisseurs, «qui ne peuvent laisser leurs fonds en cash, puisque leur fortune diminuera sous l’effet de l’inflation»? Marc Faber suggère de détenir 25% d’actions, 25% d’or, 25% d’obligations ou de cash et 25% d’immobilier et «d’espérer que tout se passe pour le mieux». «Si les actions grecques ont pu voir leur valeur doubler depuis juin dernier, n’importe quelle classe d’actifs peut faire de même».
Pour rappel, le financier avait accru sa notoriété en anticipant les crises de 1987 et 2008. Mais loin de se poser en «gourou», il concède que ses prévisions sont encore floues quant au «timing».
Adepte du métal jaune, Marc Faber précise:
« je pense que l’or reste un excellent thème d’investissement dans le contexte actuel même si il y a des ajustements à court terme. J’ai une nette préférence pour la détention d’or physique, traditionnellement conservé dans un coffre ou mieux encore dans un port franc comme celui de Genève ou Singapour».
Marc Faber sur le sell-off de l’or voit cette liquidation sur l’or comme une opportunité. Selon lui, cela va conduire le marché de l’or sur un creux majeur. Ce creux pourrait se situer vers les 1400$ voir les 1300$. Pour Faber, le marché haussier de l’or n’est pas terminé et les fondamentaux pour l’or sont intacts.
Le cash et les obligations jouent ici plus un rôle de préservation de valeur.
«Du côté immobilier, je conseille plutôt de rester concentré sur l’immobilier de son pays, de préférence des propriétés situées en campagne, qui offrent de belles opportunités, particulièrement en Suisse».
Enfin pour la classe actions:
«Du point de vue d’un investisseur suisse, je me concentrerais sur des valeurs sures comme Nestlé, Novartis ou Roche, qui offrent en outre de bons dividendes, avec un horizon d’investissement d’au moins 10 ans. J’éviterais en revanche les financières».
Marc Faber déclare que les Bourses américaines sont actuellement « surachetées » et que les possibilités qu’un krach survienne augmentent de jour en jour. Il attire l’attention sur le récent recul des cours du géant de l’informatique Oracle et du transporteur FedEx. Il a aussi indiqué que, oui, les Bourses américaines peuvent continuer de croître en ne comptant que sur Johnson & Johnson, Procter & Gamble et Wal-Mart, mais que cela ne peut pas durer indéfiniment. « Ce n’est pas un bon moment pour acheter des actions », prévient Marc Faber.
Marjorie Théry/Agefi Suisse- Mathilde Farine/Le Temps 24/4/13